Le clip pédagogique « Ton problème, c’est mon problème » a été tourné avec les élèves du collège Émile Guillaumin de Moulins (académie de Clermont-Ferrand), lauréats du prix Non au harcèlement 2024. Vidéo de la campagne de sensibilisation et de prévention du harcèlement. Éducation nationale.

Le harcèlement, qu’il soit moral, physique ou en ligne, est un problème répandu qui affecte de nombreuses personnes dans notre société. L’École n’y échappe pas. Chaque année, la journée nationale est l’occasion de rappeler qu’il est essentiel de dire Non au harcèlement et que le poids du collectif est déterminant pour lutter efficacement ! C’est pourquoi partout en France, les élèves de l’élémentaire à partir du CE2, les collégiens et lycéens sont invités à suivre des parcours de prévention tout au long de l’année scolaire. Nous avons choisi de parler des enfants – qu’ils soient victimes, intimidateurs ou témoins – et des enseignants. Chargée de déployer le dispositif pHARe, de sensibiliser les élèves et les parents dans chaque établissement, la communauté éducative est celle sur qui repose la réussite de ce programme. Mais ils ne sont pas seuls ! Nous sommes toutes et tous concernés par ce fléau qui empoisonne les relations sociales. Tour d’horizon sur ce phénomène qui entrave la réussite de nos élèves et épuise nos enseignants. 

Le harcèlement, fléau du climat scolaire

D’où viennent les phénomènes de harcèlement ?

Dans le milieu scolaire, on parle beaucoup de harcèlement ces dernières années. Certains pensent qu’on en parle trop. Il faut reconnaître que ce mot “choc” a le pouvoir de dire à lui seul : situation préoccupante, violence, vigilance et surveillance… voire sanction lorsqu’il est prononcé par les familles.1

Depuis le 2 mars 2022, le harcèlement scolaire est un délit dont les coupables encourent des peines d’emprisonnement et des amendes. D’après la définition du harcèlement, il faut que la violence, quelle qu’en soit la nature, soit répétée. S’il faut le préciser, la violence a comme objectif de nuire à la victime le plus souvent en l’isolant. Par ailleurs, il est bon d’ajouter qu’à la différence d’un conflit qui durerait dans le temps, les forces sont disproportionnées dans le cas d’un harcèlement. 

Un élève ou un groupe d’élèves tente un comportement négatif envers un autre (menace verbale, intimidation physique, moquerie…) et le camarade ne réussit pas à s’y opposer de façon “efficace”. Le rapport de force s’installe et la loi du plus fort s’impose. Le harcèlement en milieu scolaire commence.

Alors, pourquoi certains enfants deviennent-ils des intimidateurs ? Pourquoi certains élèves cherchent-ils à nuire à leurs camarades et quel est leur degré d’intention ? Pourquoi des situations de harcèlement échappent-elles au regard des adultes ? Pour quelles raisons des enfants témoins vont-ils se sentir concernés quand d’autres vont tourner le dos au camarade harcelé ? Ce sujet est l’un des terrains de questionnement récurrent chez les éducateurs, qu’il soit parent, enseignant, assistant d’éducation, personnel de direction ou animateur.

Existe-t-il un profil d’enfant harceleur ?

Les avis divergent. D’un côté ceux qui dépeignent les enfants présentant un défaut d’empathie, conscients de leurs actes, mais pas des effets qu’ils produisent. De l’autre, ceux qui évoquent d’authentiques pervers et manipulateurs. Selon la docteure Nicole Catheline, pédopsychiatre et spécialiste de la question, seulement 2 à 3 % des enfants correspondent à cette catégorie d’enfants au profil pathologique. « Il faut sortir de la logique du méchant harceleur. Ce n’est que lorsque le harcèlement survient en fin de collège qu’il peut être le signe d’une personnalité pathologique, pas avant. » Les études et la réalité du terrain démontrent que la grande majorité se situe plutôt entre les deux.

Récemment, il a été mis en évidence que certains enfants qui agissent seuls avaient intériorisé la loi du plus fort comme la norme de notre société et l’utilisent comme référence. Pour « être », ils adoptent cette stratégie de domination. Cela donne lieu le plus souvent à des situations de harcèlement basées sur des stéréotypes de genre. Leur crainte ? Ne plus « être », ne plus faire partie du groupe des intimidateurs, perdre le pouvoir, ne plus être populaire… Il faut donc contrer cette peur pour qu’ils s’arrêtent. Anatol Pikas formule une pensée profondément humaniste à ce sujet. Il a mis au point une méthode2 (qui a fait ses preuves) pour convertir l’enfant harceleur en défenseur en partant du principe fondamental que tous les harceleurs ont un désir de sortir de l’intimidation.

Les enfants intimidateurs doivent construire leur sentiment d’empathie et développer leur appartenance au groupe. Ils et elles intimident parce que les autres le font aussi. Ils et elles intimident ne sachant pas comment s’affranchir du « nous », de la pression du groupe. Un enfant auteur d’intimidation répétée va mal. Il faut l’aider à trouver sa juste place au sein du groupe.

Quels signaux doivent alerter ?

Si les situations de harcèlement entre élèves prennent différentes formes, les principaux signaux, du côté des enfants victimes de harcèlement, ont été répertoriés par Roselyne Guilloux dans son ouvrage « Harcèlement entre élèves : prévenir et agir »3. Les signaux qui doivent alerter et donner lieu à une préoccupation sont le plus souvent : 

  • le changement de comportement en classe ou à la maison (irritabilité, agitation…) ;
  • le retard ou refus d’aller à l’école (détour sur le trajet, évitement du bus…) ;
  • les affaires personnelles ou matériel scolaire oubliés (surcharge mentale) ;
  • l’absence répétée en EPS (évitement des vestiaires ou des situations sportives inconfortables) ;
  • la chute des résultats scolaires (indisponibilité pour les apprentissages) ;
  • la fatigue permanente (trouble du sommeil, difficulté d’endormissement, hypervigilance qui fatigue plus vite…) ;
  • l’isolement (n’invite plus, ne répond plus au téléphone, ne sort plus…).

À qui peut se confier un enfant témoin ?

Un enfant témoin de harcèlement peut se confier à un adulte de confiance à l’école (enseignant, AESH, animateur, conseiller ou assistant d’éducation, infirmière scolaire…) ou dans son entourage (animateur sportif, parent, famille élargie…). La parole doit être entendue et prise au sérieux. Toute la difficulté en tant qu’adulte est de ne pas minimiser, ni surréagir tout en apportant le soutien attendu.

Si l’enfant préfère se confier anonymement, un dispositif d’écoute gratuit est en place pour  appeler des professionnels de confiance. Depuis septembre 2023, le 3018 est la plateforme unique pour confier des signalements, que le harcèlement soit avéré ou non. Les psychologues et les juristes répondent de 9 heures à 23 heures tous les jours, même le week-end. Ce numéro vert est également destiné aux enfants victimes et aux adultes qui ont besoin de conseils.

le numéro 3018 service et appel gratuit en cas de harcèlement

Les conséquences des situations de harcèlement sur la santé mentale des jeunes

Comment se sentent les jeunes ?

La santé mentale des jeunes s’est dégradée au cours de ces dernières années. À l’école, cela se traduit par des comportements perturbateurs, un désengagement scolaire et une augmentation des situations d’inquiétude constante (fatigue, agitation, irritabilité, refus scolaire anxieux…). Cette situation a été mise en avant en 2020 et expliquée en grande partie par la pandémie. Pourtant, même si la situation sanitaire est rentrée dans l’ordre, rien n’a changé concernant l’état de santé mentale des jeunes. Les sondages montrent même que le phénomène de mal-être s’accentue. Les services de soins en santé mentale, publics et privés, sont saturés. 

De cette fragilité naissent alors des peurs. Cette difficulté de vivre ses émotions est similaire chez les enfants victimes ou auteurs d’intimidations. Ils n’ont simplement pas les mêmes références ni le même contexte pour faire face à leurs difficultés et prennent des positions différentes.

Comment inverser la tendance ?

Nous savons que la violence est liée en grande partie à l’incapacité d’exprimer ce que l’on ressent, d’identifier les émotions puis de les apprivoiser. Alors, notre rôle d’adulte est de les aider à mieux comprendre ces mécanismes. Développer ses compétences émotionnelles est le point de départ d’un dialogue où chaque enfant peut alors créer des relations saines avec authenticité.

Progressivement, il est alors possible d’accompagner les élèves dans l’apprentissage de la communication constructive”. En acceptant les désaccords, en trouvant des solutions positives pour soi et les autres, en s’entraidant, les enfants apprennent à “être” et à être avec les autres. Ils apprennent à faire société.

L’exemple d’un projet de groupe classe ou d’établissement qui incluent des ateliers de discussion, des jeux de rôle, une production concrète et une participation collective : prix Non au harcèlement4.

Affiche lauréate au prix NAH 2024

Meilleure affiche lutte contre le harcèlement, concours niveau école élémentaire – Lauréat du prix Non au harcèlement 2024.

L’épuisement des enseignants face au harcèlement

Quel lien entre la santé mentale des élèves et celle des enseignants ?

Au-delà de la lutte contre les violences et le harcèlement, il est essentiel de penser aux conditions de bien-être à l’École. Et si tout le monde s’accorde à dire que les enfants doivent se sentir bien pour accéder aux apprentissages, il est trop rarement évoqué la situation des enseignants.

Pourtant, la première condition du bonheur d’enseigner des enseignants est la qualité de la relation avec les élèves. Elle conditionne leur sentiment d’efficacité personnel. Et la réciproque s’applique : si la qualité des relations est désastreuse, le sentiment d’échec fragilise leur engagement et questionne leur vocation.

Pourquoi le harcèlement scolaire épuise les équipes éducatives ?

65 % des enseignants disent qu’ils ne se sentent pas armés pour prévenir ou gérer une situation de harcèlement, selon une étude menée par l’Ifop pour l’association Marion la main tendue et Head & Shoulders, en septembre 2023. 

Conscients de la nécessité de renforcer leurs compétences, les enseignants expriment des besoins significatifs de formation et d’outillage pour lutter plus efficacement contre le harcèlement scolaire. À ce défi déjà colossal, s’ajoutent les situations de cyberharcèlement sur lesquelles ils déplorent se sentir majoritairement impuissants, d’après les résultats de l’enquête sur la santé mentale 2024 menée par Ecolhuma5.

Qu’ils s’agissent de conflits ou de harcèlements, les violences et les comportements perturbateurs entachent le climat scolaire et freinent les apprentissages. Dans le quotidien des enseignants, ces situations sont génératrices d’épuisement émotionnel fort pouvant donner lieu à un désengagement professionnel, un arrêt de travail voire une démission. 

Les ressources pour les professionnels de l’éducation pour dire non au harcèlement

Suffit-il d’être en groupe pour faire groupe ?

Dans le contexte scolaire, la simple réunion d’élèves dans une classe ne suffit pas à créer une véritable cohésion de groupe propice à l’apprentissage et au bien-être. La construction d’un groupe classe solide nécessite un travail progressif axé sur le développement des compétences psychosociales (CPS).

La dynamique de classe de classe va prendre vie à travers des interactions quotidiennes entre pairs et avec les adultes pour renforcer le sentiment d’appartenance. Dans ce processus, le rôle de l’enseignant est primordial. Sa posture doit être modélisante. À l’échelle d’un établissement, il s’agit également de renforcer la cohésion de l’équipe éducative, comme celle des élèves tous niveaux confondus.  

Conçue avec des chercheurs et enseignants, Lili est une application audio « sans écran » pour enseigner les compétences psychosociales de la maternelle au collège, et en particulier l’empathie, dans le but d’améliorer le climat de classe, de prévenir le harcèlement et de favoriser l’inclusion de tous les enfants. Pour outiller les enseignants, Lili propose également des formations CPS en présentiel et des mises en situation sur le terrain, au sein des classes. 87 % des utilisateurs estiment que Lili améliore le climat de classe, et 85 % considèrent que l’application favorise le développement des compétences psychosociales de leurs élèves.

Comment prévenir efficacement les conflits en milieu scolaire ?

La prévention des conflits en milieu scolaire nécessite une approche proactive et holistique. Les ateliers de philosophie pour enfants jouent un rôle crucial dans cette démarche en développant des compétences essentielles comme :

  • l’empathie ;
  • la communication ;
  • la tolérance ;
  • la résolution de conflits.  

En intégrant ces ateliers dans le cadre scolaire, nous pouvons créer un environnement d’apprentissage sain et respectueux, où les élèves se sentent en sécurité et valorisés.

Sur Lili.cool, la collection « Je grandis » réunit plus de 30 titres de podcast de philo pour enfants classés par thème, tels que les émotions, moi et les autres ou moi et le monde. Le carnet de philosophie Lili à imprimer permet de prolonger l’activité, à l’école ou à la maison. Conçu pour encourager la parole élaborative et émotionnelle des enfants, ce carnet sert également de trace écrite. Côté enseignants, des fiches de préparation facilitent la mise en œuvre et la formation à l’animation d’ateliers à visée philosophique est embarquée dans l’application. 68 % des utilisateurs interrogés estiment que Lili est pertinent pour prévenir le harcèlement, notamment grâce aux ateliers philo.

Comment se ressourcer pour ne pas s’épuiser ?

73% des enseignants français jugent leur travail stressant en 2023. Ils déplorent leur difficulté à séparer vie privée et vie professionnelle, à se ressourcer et à trouver le sommeil. Globalement, la santé psychologique des enseignants apparaît fragilisée dans le Baromètre International de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation réalisé par le Réseau Education et Solidarité et la Fondation d’entreprise MGEN pour la Santé Publique en 20236. Quelle place donner à ses émotions et quel temps accorder à son bien-être lorsque l’on ne sait pas qu’il existe des méthodes efficaces pour prévenir l’épuisement ?

Lili offre un programme bien-être destiné à l’enseignant dont les bénéfices sont nombreux lorsque l’usage est régulier : regain de vitalité, augmentation de l’engagement et de l’estime de soi, meilleure gestion des émotions, réduction du burn-out, amélioration de la qualité du sommeil. 97% des utilisateurs du module « Bien-être des super-profs » estiment qu’il est utile pour gérer leurs propres émotions ou leur stress.

Non au harcèlement, oui au climat scolaire serein : l’essentiel des outils pédagogiques institutionnels

  • la vidéo « Ton problème, c’est mon problème » : un clip pédagogique inspiré du prix coup de cœur des professionnels de la communication Non au harcèlement 2024 ;
  • le livret pédagogique Non au harcèlement 2024 pour accompagner le dialogue avec les élèves à télécharger à la fin de cet article ;
  • des affiches pour faire connaître le numéro d’écoute 3018 ;
  • un accès simplifié à la plateforme pHARe mettant à disposition de nombreux parcours pédagogiques classés par cycle.


Agir collectivement, prendre soin les uns des autres, montrer l’exemple, réinventer le village qui accompagne l’épanouissement de nos enfants, les pistes sont nombreuses et la taille du défi peut se montrer décourageante. Pourtant des méthodes ont fait leurs preuves, des outils existent et la mobilisation est là. Chez Lili, aux côtés des enseignants et de toute la communauté éducative (les parents bien sûr, mais aussi les ATSEM, les animateurs en périscolaire, les infirmières et les psychologues scolaires, et plus largement tous les professionnels de l’éducation et de la santé..), nous sommes convaincus que chaque action compte. Chaque écoute bienveillante, chaque regard de soutien, chaque geste de confiance sont autant de petits pas pour permettre à nos enfants de comprendre que la loi du bienveillant sera toujours la meilleure.

  1. Harcèlement scolaire, harcèlement entre pairs, quelle est l’ampleur de ce phénomène ?, étude IFOP pour Marion La Main tendue et Head & shoulders, 2023. ↩︎
  2. la Méthode Préoccupation Partagée ou MPP ↩︎
  3. Harcèlement entre élèves : prévenir et agir, Roselyne Guilloux, Editions Retz, 2024. ↩︎
  4. Prix Non au harcèlement organisé par le ministère chargé de l’éducation nationale avec le soutien de la mutuelle MAE. ↩︎
  5. Baromètre Santé mentale dans les salles de classe, Ecolhuma, mars 2024 ↩︎
  6. I-BEST 2023, RES/FESP. Champ : personnels de l’éducation, France ↩︎